lundi 29 décembre 2008

Meilleurs voeux

Ce n'est pas facile d'être heureux. Déjà, cela vous prive de beaucoup de choses. On ne peut plus compatir sans se faire traiter de condescendant. Dès que l'on s'engage pour le bien d'autrui, c'est louche. Être plus proche du prolétaire de base que du néo-post-bourgeois ne suffit pas. On est un nouveau riche, forcément, louche, un des bébés issus des œufs du caviar de cette gauche satisfaite. On n'est même plus une épaule sur laquelle venir épancher les peines de cœur, parce qu'on a de la chance, trop, comprenez, c'est gênant. Bon sang, c'est la crise, pouvez pas déprimer comme tout le monde ? On le fait pourtant, un peu, pour de vrai, comme ça, ponctuellement, parce qu'on est pauvre, tout ça. Mais ça ne suffit pas. Il faudrait être malade, gravement, au moins, pour compenser.

Suis-je en train de faire la morale ? A qui ? A quoi ? A toi le lecteur ? A toi la lectrice ? Non, surtout pas. Je suis un être immoral. Un mauvais exemple pour la jeunesse. Un échec de la société capitaliste, un rejet des idéaux socialistes. Un centriste, sans doute. Voyez l'hydre, constatez la chimère, contemplez le léviathan ! Vous n'avez aucun conseil à recevoir de ma part. Vous devez les fuir, en rire, au mieux, en trembler, au pire. Que ne vais-je vous expliquer comment réussir en amour, comment profiter du système, comment briller en société ou vous réconcilier avec vos parents. Non, je ne le dois point, je ne le puis point. Quand bien même j'ai réussi certaines étapes de l'existence. Je ne veux être ni un exemple, ni un donneur de leçon. Ou alors l'air de rien. Ailleurs. Par des biais détournés. D'une manière perverse, répandre la bonne parole, vicieusement, faire le bien autour de moi.


Bonne année 2009, au fait.